Récits recueillis dans le cadre du projet : Vers une plateforme québécoise de l’Internet citoyen.

L’accès communautaire : un atout pour l’action

Le Gîte Ami (Hull)

Situé à Hull, Le Gîte Ami est un refuge pour les sans-abri. Depuis 1983, les personnes itinérantes peuvent y loger pour une période de sept jours par mois. Cette période leur permet de se nourrir sans casse-tête tout en ayant accès à des ressources pour trouver un endroit où loger et de l’argent pour vivre, notamment par l’accès au travail. L’offre d’un refuge temporaire s’inscrit dans une perspective de prise en charge et vise ainsi à encourager ces gens dans la poursuite des démarches individuelles de réinsertion sociale. Dans un climat familial, ces personnes peuvent donc se refaire des forces et créer des liens, deux éléments essentiels pour sortir de la rue.

La participation du Gîte Ami au projet Inforoute – Points d’accès – Initiation de la population : un apport pour son équipe de travail

L’année dernière, l’organisme a été approché par la CDEC de Gatineau afin de participer au projet Inforoute initié dans la région, en collaboration avec Communautique. Le responsable du refuge a voulu saisir cette opportunité de faire connaître à ses employées et employés le potentiel des nouvelles technologies pour leur travail. Plusieurs d’entre eux n’ayant jamais navigué sur Internet, la mise sur pied d’un point d’accès à même leur lieu de travail devenait l’occasion idéale de prendre connaissance de cet important moyen de communication et d’information. Depuis qu’Internet leur est accessible, ils l’utilisent beaucoup pour communiquer les uns avec les autres au moyen du courrier électronique.

L’accessibilité des TIC pour les personnes itinérantes : la possibilité d’intégrer la société sans contrainte

La problématique de l’itinérance est souvent marquée par l’imposante institutionnalisation, voire la criminalisation, des personnes qui vivent une telle situation d’exclusion. Reprendre la vie en société passe par un processus de réinsertion qui peut paraître contraignant et surtout peu adapté à ces personnes ayant souffert, parfois pendant de longues années, de l’isolement. Pour le responsable du Gîte Ami, l’accessibilité à des moyens de communication comme Internet peut favoriser un processus éducationnel sur une base volontaire, élément essentiel à la prise en charge des personnes itinérantes par elles-mêmes et à leur réinsertion. Certains ont regardé d’un mauvais œil l’initiative de l’organisme concernant les TIC mises à la disposition des personnes itinérantes en raison d’idées préconçues sur la prétendue portée limitée des refuges pour sans-abri. Au contraire, Le Gîte Ami souhaite utiliser tous les outils à sa disposition pour donner le goût à ces gens de vivre en société.

Par exemple, le refuge accueille L’Université de la rue, une activité d’échange entre professeurs et usagers du refuge sur différents sujets : la philosophie, la politique, la physique, de tout pour tous les goûts. Ce projet vise le même objectif que l’apport des nouvelles technologies pour les personnes itinérantes, soit celui de leur permettre d’apprendre dans un contexte ouvert où chacun est libre d’aller y puiser ce qui lui convient. Une de ces rencontres avec un professeur invité à communiquer sa passion de l’histoire a été l’occasion pour un participant de reprendre contact avec cette matière qu’il avait déjà étudiée. Diplômée en histoire, cette personne discuta longuement avec le conférencier. À la suite de cette conversation, le participant a pu aller plus loin en cherchant sur Internet des informations qu’il souhaitait approfondir ou vérifier.

Ce sont des occasions comme celles-là qui peuvent parfois provoquer chez certaines personnes le déclic nécessaire pour reprendre espoir. Pour Le Gîte Ami, il est essentiel de permettre à ces gens de découvrir des alternatives de réinsertion sociale grâce à des approches différentes de l’approche gouvernementale. L’intégration des TIC dans ses activités permet ainsi à l’organisme d’offrir aux sans-abri la possibilité très concrète de se sentir partie prenante du développement social.

Le point d’accès Internet est aussi un outil informationnel pratique pour la recherche d’emploi et de logement et l’accès à l’information gouvernementale sur les programmes sociaux. Le courriel est également utilisé afin de pouvoir entretenir les liens avec les amis et les proches. Actuellement, trois animatrices et animateurs populaires, embauchés et formés dans le cadre du projet Inforoute, assurent l’animation du point d’accès quatre soirs par semaine. Leur travail exige beaucoup de souplesse puisque les participantes et participants arrivent souvent avec des demandes très spécifiques. Par exemple, lorsque quelqu’un a un besoin urgent de trouver un logement, il faut savoir adapter les activités prévues dans un cadre plus élaboré d’apprentissage. Souvent, les personnes ont davantage besoin d’un accès accompagné que de recevoir, de façon structurée, des notions sur l’utilisation technique des TIC. Les animatrices et animateurs doivent, d’abord et avant tout, être une ressource utile pour ces personnes et leur apporter l’assistance nécessaire. Mentionnons que le point d’accès reçoit la visite de personnes sans abri qui trouvent refuge au Gîte Ami mais également celle d’individus qui s’y rendent pour l’heure des repas.

Les développements souhaités pour l’avenir

Le Gîte Ami, situé dans un sous-sol, manque d’espace pour permettre un accès adéquat au poste Internet. L’organisme espère intégrer de nouveaux locaux sous peu, ce qui sera certainement très profitable aux participantes et participants des activités d’initiation Internet. Par ailleurs, comme plusieurs organismes participant au projet Inforoute, on mentionne que de disposer d’un seul ordinateur est nettement insuffisant. Les heures disponibles pour les périodes d’accès libre pourraient être plus fréquentes avec un plus grand nombre de postes Internet. Enfin, si plusieurs personnes ont pris goût à l’utilisation d’Internet au Gîte Ami, il reste encore à sensibiliser davantage les personnes qui demeurent réticentes à l’utilisation des TIC pour leur intérêt personnel. Il faudra donc encore compter sur les importantes activités d’initiation pour expliquer le fonctionnement des nouvelles technologies mais également pour en démontrer tout le potentiel.

Les TIC intégrées au développement local

Regroupement pour la relance économique et sociale du Sud-Ouest (Montréal)

Une vision du développement local branché sur les besoins de la population

Depuis sa création en 1990, le RESO œuvre à revitaliser le secteur Sud-Ouest, arrondissement fortement touché par les bouleversements de l’industrie manufacturière qui employait une bonne partie de la population au cours des années de prospérité économique. Desservant les quartiers de Saint-Henri, Petite-Bourgogne, Pointe-Saint-Charles, Ville-Émard, Côte Saint-Paul et Griffintown, le RESO apporte un soutien aux personnes sans-emploi, aux entreprises d’économie sociale, aux organismes communautaires et aux entreprises du territoire. En tant que corporation de développement économique communautaire, le RESO a élaboré, avec plusieurs acteurs socio-économiques, un plan de développement économique rendu public en 1998 et un plan de développement de la main-d’œuvre qu’il concrétise actuellement. Ces deux rapports sont d’ailleurs téléchargeables à partir du site du Regroupement (www.resomtl.com ).

La mission du RESO est de soutenir les personnes sans-emploi du Sud-Ouest tout en veillant au relèvement socio-économique de l’ensemble des résidentes et résidents de l’arrondissement. Dans la même perspective, RESO consolide l’activité économique en favorisant, notamment, la protection et la création d’emploi et l’amélioration de la qualité de vie de la population locale. RESO veille également à rehausser l’image du Sud-Ouest et à assurer un plus grand contrôle de la communauté locale sur l’avenir de son territoire.

Pour le Regroupement, il est essentiel de trouver des moyens concrets pour permettre la participation de la population du Sud-Ouest au secteur de la nouvelle économie, secteur particulièrement visible dans cette région située tout près de la Cité du multimédia du Centre-Ville. Si le Sud-Ouest est composé des anciens quartiers ouvriers à la base du dynamisme industriel de la région montréalaise, le développement de l’accès aux TIC pour les populations démunies constitue l’un des enjeux majeurs pour la lutte au chômage, au décrochage scolaire et pour une meilleure participation des citoyens et citoyennes à la vie démocratique. En effet, tout comme l’utilisation des TIC fait partie des compétences à développer pour intégrer plus facilement le marché du travail, il est essentiel de ne pas oublier les personnes sans-emploi n’ayant pas accès à un milieu de travail susceptible de leur offrir de la formation informatique.

L’accessibilité des TIC pour la population du Sud-Ouest : une condition essentielle à la lutte contre l’exclusion et à l’insertion sociale

La population active est largement représentée dans l’arrondissement du Sud-Ouest où 69% des résidentes et résidents se situent dans le groupe des 15-64 ans . D’autre part, les quartiers du Sud-Ouest sont nettement marqués par la pauvreté et la sous-scolarisation : environ 60% de la population n’a pas complété d’études secondaires tandis que les jeunes de 15 à 24 ans ont décroché du réseau scolaire dans une proportion de 39%. Un nombre important de personnes vivant seules (39%) et un taux de monoparentalité de 28% figurent parmi les éléments ayant un impact défavorable sur le niveau de vie de la population du Sud-Ouest : 20% de la population dépend de l’aide sociale pour survivre et ce, dans près de 75% des cas, depuis plus de quatre ans. Par ailleurs, relevons un aspect plus positif : celui lié à la diversité culturelle du Sud-Ouest où 17% de la population est représentée par les membres des communautés culturelles.

Dans un tel contexte, le RESO a voulu lier à son plan de développement économique un plan de développement de la main-d’œuvre en emploi et sans emploi du Sud-Ouest. Élaboré de concert avec les citoyennes et citoyens du Sud-Ouest, les représentants du secteur des affaires et les intervenants du milieu communautaire, l’objectif vise à outiller la population et l’aider à intégrer le marché du travail par des mesures concrètes favorisant l’accès à l’emploi et à la formation. Les TIC ont alors été identifiées comme pôle de développement puisqu’elles participent, pour une part importante, à la création d’emplois tout en offrant des nouveaux modes de création et de diffusion des idées. Ce rôle essentiel des TIC dans la production et la circulation des idées est une dimension retenue dans l’approche développée par le RESO qui favorise la participation active des citoyennes et citoyens aux instances décisionnelles de l’organisation sociale et communautaire de même que l’ouverture sur le monde par la participation à la vie culturelle.

À cet effet, les organismes communautaires du Sud-Ouest ont été ciblés comme lieu privilégié pour rejoindre la population et l’initier à l’utilisation des TIC. Le RESO, conscient des besoins des groupes en matières d’équipements et de formation, a fait appel à Communautique pour les outiller davantage : une quarantaine de groupes suivirent des formations informatiques dans une perspective de développement communautaire. Ils ont aussi bénéficié du programme VolNet et reçu des dons d’équipements grâce au travail de sollicitation effectué par le RESO. D’autres projets liés aux TIC ont reçu un soutien financier à partir des outils de financement locaux gérés par le RESO.

Le projet Inforoute : une importante façon de faire des TIC un véritable outil pour les gens défavorisés

La mise sur pied de huit points d’accès à Internet dans le cadre du projet « Inforoute – Points d’accès – Initiation de la population » a permis de rejoindre plus de 600 personnes résidentes du Sud-Ouest par l’entremise d’organismes communautaires œuvrant en éducation populaire et en alphabétisation et qui intégraient l’informatique à leurs activités. Les participantes et participants qui avaient déjà pris conscience du potentiel de l’informatique dans leur processus d’apprentissage souhaitaient approfondir leur connaissance de l’utilisation des TIC. Ces gens ont répondu dans une large proportion à l’invitation lancée dans le cadre des activités d’initiation du projet Inforoute et ont pu aller plus loin dans l’apprentissage de l’utilisation de logiciels comme le traitement de texte ou encore l’accès à Internet pour la recherche d’informations diverses et l’utilisation du courrier électronique. La participation aux activités d’initiation du projet Inforoute était pour ces gens un outil de plus pour développer de nouvelles compétences et un élément stimulant pour leur culture personnelle tout en leur offrant un moyen de gagner de l’autonomie. Ces gens ont rapidement compris que l’utilisation des TIC n’était pas uniquement réservée aux classes aisées économiquement et qu’ils peuvent, eux aussi, en retirer énormément : «soutenir les gens dans leur processus d’apprentissage de l’informatique, c’est aussi les soutenir dans leur processus de propre prise en charge».

La vocation éducative des organismes destinés à l’alphabétisation, aux loisirs et à l’intégration des personnes immigrantes, qui rejoignent tant les familles que les individus, constitue un catalyseur important pour faire de l’intégration des TIC au milieu social et communautaire du Sud-Ouest un moyen concret de lutte à l’exclusion. Par exemple, des familles ont été rejointes et ont pu recevoir un soutien pour apprendre à utiliser l’équipement informatique obtenu dans le cadre du programme « Brancher les familles » qui ne comprenait pas de formation. Souvent, les équipements étaient sous-utilisés ou encore détournés de leur potentiel éducatif au profit d’un usage souvent passif de divertissement. En rejoignant les familles, les animatrices et animateurs des différents points d’accès participent à la lutte au décrochage scolaire et à l’intégration de nouveaux outils dans les familles défavorisées au niveau économique mais qui demeurent, avec l’école, le premier lieu d’intégration sociale des jeunes et d’éveil à la vie culturelle. Ces familles ont pu développer des façons d’utiliser les TIC pour s’ouvrir au bassin immense de connaissances que constitue le réseau Internet.

Le projet Inforoute a également permis de former des personnes engagées pour assurer l’animation des points d’accès dont deux ont été maintenues en emploi. L’histoire de l’une des personnes recrutées offre par ailleurs une illustration du potentiel lié aux TIC dans l’intégration du marché du travail. Cette personne résidente du Sud-Ouest qui avait décroché du milieu scolaire s’est découvert une très grande capacité à apprendre les rudiments de l’informatique et a toujours cherché à augmenter ses connaissances dans le domaine. Cette personne-ressource dans l’animation des points d’accès est grandement appréciée dans le milieu communautaire du Sud-Ouest et peut maintenant partager ses connaissances avec les participantes et participants aux activités d’initiation.

L’approche collective proposée par le RESO dans le cadre de la mise en place des points d’accès a permis l’intégration des TIC à l’organisation sociale et communautaire du Sud-Ouest tout en favorisant le développement d’une expertise chez certains utilisateurs particulièrement stimulés par l’accessibilité de ces outils d’information et d’éducation. Le RESO souhaite prochainement intégrer ces récents acquis dans le développement de centres d’accès communautaires Internet (CACI) en jumelant le projet Inforoute au programme PAC d’Industrie Canada. Dans une perspective d’inclusion et de participation citoyenne au développement du Sud-Ouest, le RESO cherche ainsi à assurer une pérennité à ces activités d’appropriation sociale des TIC et espère étendre le projet à d’autres organismes comme certains centres de femmes et des groupes s’adressant aux personnes âgées.

Adresse Internet : www.resomtl.com 

Les groupes de femmes et les TIC

Les Cybersolidaires (Montréal)

Les Cybersolidaires, en tant qu’organisme, veulent «renforcer la défense des droits des femmes et de leur droit à la communication». L’idée de créer un espace de diffusion, présent sur le Web depuis mars 2001 (www.cybersolidaires.org ), visait plus précisément à combler des déficits informationnels du réseau Internet féministe francophone tant au Québec qu’au Canada. Malgré les progrès réalisés depuis le développement d’Internet, les initiatrices des Cybersolidaires constataient en effet que la présence des femmes sur le Web demeurait nettement inférieure à celle des hommes tout en manquant de dynamisme. De plus, elles souhaitaient rendre visible le mouvement féministe dans toute sa diversité et le rendre accessible à celles qui ne comptent pas nécessairement parmi les travailleuses ou les chercheuses du réseau.

En fait, les Cybersolidaires souhaitaient exploiter à fond le potentiel d’Internet en tant que fenêtre sur le monde et en faire un levier pour l’action. Plusieurs initiatives ont inspiré le projet des Cybersolidaires. Entre autres, mentionnons l’implication deWomenAction  dans la couverture médiatique de Beijing +5 et le travail de Womenspace  quant à la promotion de la participation des femmes au réseau Internet. Ces initiatives avaient tôt fait de démontrer la volonté de femmes souhaitant se mobiliser et participer à l’espace public, local et international, au moyen des voies électroniques. Dès leur création, les Cybersolidaires se sont donné comme mandat d’intégrer le réseau féministe sur le Web dans une perspective de collaboration en vue de l’agrandir. Le Cercle Internet «des femmes francophones déterminées à aller droites à la hauteur de leurs rêves dans la solidarité» constitue un exemple de ce type de réseautage. Un autre exemple est celui du travail de diffusion qui se fait en réseau lors d’événements internationaux et dans le cadre duquel les articles des Cybersolidaires sont transmis par de nombreux réseaux progressistes du Canada et du monde. Les Cybersolidaires travaillent également en collaboration avec les Pénélopes  et alimentent les réseaux Netfemmes et WomenAction Europe et Amérique du Nord , entre autres.

Le site des Cybersolidaires : la complémentarité des informations au service d’une perspective globale

Une des forces du site des Cybersolidaires est de présenter les trouvailles de leur veille informationnelle dans un format adapté aux médias électroniques qu’elles rendent accessibles aux femmes qui, mentionnons-le, ont souvent très peu de temps à consacrer à la navigation Internet. Les annonces d’événements, les actualités ou articles mis en ligne ont une présentation destinée spécifiquement à la lecture à l’écran, affichant des hyperliens à même le texte. L’internaute peut donc choisir, en tout temps, d’accéder à du contenu complémentaire à l’information qui l’intéresse, soit sur le site des Cybersolidaires, d’autres sites féministes ou progressistes, ou encore dans la presse locale et internationale. L’emboîtement de l’information permet ainsi aux visiteuses du site d’avoir une idée plus globale des différentes problématiques qui les préoccupent. Comme l’exploitation des TIC fait partie intégrante de leur travail, les Cybersolidaires ont toujours une foule de moyens à proposer qui sont susceptibles de faciliter celle des internautes. L’interactivité d’Internet facilite non seulement la diffusion d’informations mais surtout l’appropriation du contenu par celles qui le consultent de même que leur implication. Là réside le potentiel d’Internet pour l’action : du contenu facilement accessible qui donne le goût aux internautes de s’impliquer activement pour cette cause qui est la leur, celle des femmes, et des moyens pour une telle implication peu importe le temps dont elles disposent.

En plus des observatoires militants, entre autres sur les fondamentalismes, la condition des femmes afghanes et les différentes formes de violence faites aux femmes, la section 10 minutes pour changer le monde  sollicite des appuis en ligne pour diverses causes. Les internautes les plus pressées peuvent donc s’y rendent et en quelques minutes poser une action solidaire via Internet. On retrouve également dans cette section des informations sur la conception et la diffusion sur Internet d’appels à l’action. Pour celles qui prennent le temps de naviguer un peu plus longtemps, des moyens d’action sont disponibles un peu partout dans le site regroupant, notamment, sous les sections Femmes du monde et Femmes des Amériques l’information en provenance des réseaux de solidarité internationale et continentale en ce qui a trait aux conditions de vie et aux luttes de femmes, aux droits démocratiques, à l’environnement et aux bouleversements sociopolitiques, toujours dans une perspective féministe.

Les listes de discussion : un relais d’information vital pour la cybersolidarité

Afin d’alimenter leur site, les Cybersolidaires ratissent quotidiennement différents sites Internet afin de dénicher les dernières nouvelles, suivre l’évolution de certains débats ou encore en déceler de nouveaux. Les sites Web ne sont toutefois pas la seule source d’information utilisée par les Cybersolidaires. En effet, l’utilisation des listes de discussions sont fort utiles pour avoir accès à une foule d’informations. Par exemple, le réseau électronique PAR-L  , regroupant des personnes et des organisations s’intéressant à la recherche sur les politiques touchant les femmes partout au Canada, permet d’accéder à de l’information politique, économique et sociale de façon rapide et quotidienne.

Les Cybersolidaires ont recours à ce type de listes pour aller puiser l’information et la faire suivre dans d’autres réseaux. En effet, elles alimentent plusieurs listes et quelques sites en plus du site des Cybersolidaires. Elles diffusent également, via ces listes, des nouvelles et appels à la solidarité. En d’autres mots, les Cybersolidaires diffusent par ces listes des contenus provenant du réseau Internet qui n’y circuleraient pas autrement, entre autres, parce que les féministes québécoises n’ont pas encore le réflexe de tenir au courant leurs consœurs des autres provinces. Les Cybersolidaires y diffusent également leurs propres nouvelles. Pour elles, il est essentiel de combiner les outils de diffusion à leur site Web : la transmission par le site dépend de la visite des internautes tandis que la diffusion à travers les listes déjà existantes implique une démarche plus active tout en élargissant le potentiel de rayonnement de la veille informationnelle effectuée. De plus, les Cybersolidaires comptent sur l’appui de plusieurs éclaireuses situées un peu partout dans le monde qui acheminent par courriel des informations nationales ou internationales, ce qui permet le suivi de certains dossiers menés par des organisations de défense des droits humains comme Women’s Rights Watch Nigeria.

Pour le moment, les Cybersolidaires souhaitent davantage faire la promotion des listes de discussion déjà existantes plutôt que d’en créer de nouvelles. Selon elles, de tels outils permettent actuellement une cybersolidarité aux effets bien réels, pour autant que l’on investisse cet espace de communication offert par Internet. À cet effet, on peut citer en exemple le cas de cette femme nigérienne, Safiya, dont la condamnation à la lapidation a pu être renversée grâce aux pressions politiques provenant de partout dans le monde : « Sans Internet, la mobilisation de la communauté internationale n’aurait jamais eu autant d’ampleur. (…) sans Internet, Safiya serait peut-être bien lapidée à l’heure actuelle. Plein de gens qui n’ont pas eux-mêmes accès à Internet ont un besoin vital de la cybersolidarité des personnes privilégiées qui peuvent se brancher ou aller dans un point d’accès public ». La diffusion de l’histoire de Safiya sur plusieurs listes, dont celle des Cybersolidaires, la mise en ligne de pétitions et les nombreuses discussions que ce cas a suscitées sur plusieurs listes d’échanges sont des exemples frappants de sensibilisation de l’opinion publique dans un esprit de solidarité.

Enfin, les Cybersolidaires constituent un exemple éclatant du potentiel des TIC à créer un véritable lien social. Elles souhaitent voir les femmes faire l’expérience d’Internet comme un outil de communication et de réseautage, vu non pas seulement comme un instrument technique, mais bien comme une mine considérable de nouvelles connaissances sur les femmes du monde et de création de liens entre elles. Les Cybersolidaires souhaitent que celles pour qui l’aspect technique peut paraître repoussant se concentrent sur le contenu et sur les discussions en participant au réseau Internet (listes, forums, etc.). L’important, disent-elles, c’est de « prendre notre place pour réaliser solidairement notre propre agenda! ».

Adresses Internet :

Site des Cybersolidaires : www.cybersolidaires.org 

10 minutes pour changer le monde : www.cybersolidaires.org/10minutes.html

WomenAction : www.womenaction.org 

Womenspace : www.womenspace.ca

Les Pénélopes : www.penelopes.org 

WomenAction Europe et Amérique du Nord : www.enawa.org 

Réseau PAR-L : www.unb.ca/par-l/